Grands aménagements hydroagricoles, inégalités environnementales et participation : le cas de Bagré au Burkina Faso. [Large hydroagricultural developments, inequalities environmental and participation: the case of Bagré in Burkina Faso ]

Le développement de l’irrigation est depuis longtemps vu comme un moyen d’asseoir le développement agricole et économique des pays d’Afrique subsaharienne et d’assurer leur sécurité alimentaire. En conséquence, les autorités coloniales puis les États indépendants – avec l’appui de bailleurs de fonds du Nord — ont fortement investi dans ce secteur, notamment dans la construction de grands barrages et l’aménagement de périmètres hydroagricoles situés en aval de ces derniers (une forme d’irrigation communément appelée « grande hydraulique » ou « grande irrigation publique »). Ces périmètres ont fait l’objet de nombreuses critiques : coûts trop élevés, détérioration importante des infrastructures dont la maintenance avait été en partie transférée à des associations d’usagers de l’eau, faible rentabilité des investissements, productivité agricole en deçà des attentes, etc. Ainsi, entre le milieu des années 1980 et 2000, et comme ailleurs dans le monde (Suhardiman et Giordano, 2014) avec la mise en place de politiques d’ajustements structurels, les investissements dans la grande irrigation ont fortement diminué dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne.